1. |
Rendez-vous
04:25
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Je ne serai pas au rendez-vous
L’endroit ne m’intéresse pas
Une part de nous restera debout
Et ne bougera pas, une part de moi
En ligne longue et stressée
Je suis fatigué, tellement fatigué
C’est mon corps au complet
C’est mon corps au complet qui va s’arrêter
Assommé par le bruit des bêtes qui beuglent
Défauts exposés sous les néons qui m’aveuglent
Mais c’est que c’est une autre vie
Qui commence ici
Mais dites-moi
Ces cimetières que vous fuyez
Racontez-moi
Toutes ces bombes qui ont sauté
Je ne serai pas au rendez-vous
L’endroit ne m’intéresse pas
Une part de nous restera debout
Et ne bougera pas, une part de moi
Part vieille, usée et habituée de l’éducation
Sous verre au musée
Sous interdiction
De la déplacer
Ces poses qu’il faut prendre
Ces choses qu’il faut tendres
Trop de lignes, de couleurs, de sexes, de douleurs
Et l’impossibilité de tout emboîter
La chienne indomptée d’être compris à moitié
Celle qu’on ne pourra jamais
Serrer et caresser pour la faire taire
Sans l’étouffer
Mais dites-moi
Ces cimetières que vous fuyez
Racontez-moi
Toutes ces bombes qui ont sauté
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2. |
Les contours clairs
03:34
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Il y a des heures trop tendres
Matins de route morne
Que je sens comme des soirs
D’une fatigue éternelle
À voir le jour se lever
Sur les contours clairs
Des décors qu’on peut deviner
Avant de se coucher
Se révèlent le matin
Comme ce que j’ai souhaité
Révéler toute la nuit
Et je n’ai pas dormi
N’ai plus jamais dormi
Et s’étirent dans les lits
Les corps abattus
Les désirs endormis
Et les silences de plomb
Qui ne sont pas étroits
Mais chargés de lumière
Et des idées perdues
Ciels blancs de jours clairs
Se révèlent le matin
Comme ce que j’ai souhaité
Révéler toute la nuit
Et je n’ai pas dormi
N’ai plus jamais dormi
Et le long de la route
La lumière du soleil
Qui descend et qui filtre
À travers les arbres
Tu la vois toi aussi
Tu le sens toi aussi
C’est une vie sans fin
Que cette vie finie
Que cette vie finie
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3. |
Croix blanche
03:26
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Il y a une croix blanche haute de plusieurs mètres
Qui se dresse au-dessus du désordre
En pleine forme, d’une forme qui ne s’invente pas
Avalé sur des heures par les charmes du calme plat
Le charme funéraire
Qui file à la vitesse de la lumière
En fixant devant
Je ne m’arrêterai pas
La mort est vraiment, vraiment belle et charnue
Ainsi vêtue
Mais je sens sous ma base le poids
Craquer les années perdues
Et ramassées, qui dérapent
Bien plus qu’elles ne passent
Et le bruit aussi
Les cris, la joie et le bourdon
Lourd et long
Lourd et long
Il y a une croix blanche haute, très haute
Qui se dresse au-dessus du désordre
Et mes yeux ne se referment pas, je vois les gens autour qui tombent
Que j’accroche en passant, que je démolis lentement
Projectile dans la nuit
Immaculé blanc
Je vois le gâchis déjà
Mais je ne m’arrêterai pas
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4. |
Constellations
03:50
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Tu entres dans la ville
Alors que moi je file
Vus d’en haut on croirait
Que l’on se frôlait
Et dans les lettres
Que nous nous écrivons
Dans les points de rendez-vous
Que nous tentons
Que nous tentons de rattacher
L’un à l’autre par des lignes
Tracées pour les dépasser;
Des constellations
J’entre dans la ville
Alors que toi tu files
Vus d’en haut on croirait
Que l’on se frôlait
Et dans les points d’arrivée
Que nous évitons
Points de départ ou de fuite
Que nous tentons
Que nous tentons de relier
L’un à l’autre par des lignes
Tracées pour les dépasser;
Des constellations
Et dans les horribles avions
Que toi et moi nous prenons
Chacun de notre côté
Ces avions que nous détournons
Et que nous tentons
De faire entrer en collision
L’un dans l’autre pour dépasser
Les constellations
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5. |
Deux animaux
04:29
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Nous sommes deux animaux en cage
Qui veulent se manger, s’entre-dévorer, se défaire la carcasse
Dans un lieu commun qui ne pourra pas être fixé
Un lieu qui ne pourra pas être nommé
Au fond d’un trou
Où tu n’allais plus
Tu iras pour nous
Parce que tu es perdue
Et tu me demanderas, un jour tu me demanderas si ça marche comme ça
Quand tu ravales tes mots à moitié nue, tu tournes ta langue cette fois à moitié là
Sur combien et comment tu as déjà aimé cette envie de mourir
Je te répondrai que j’ai déjà aimé cette envie de mourir avec toi
Au fond d’un trou
Où je n’allais plus
J’irai pour nous
Parce que je suis perdu
Oh et le temps passera et après s’être défaits en grande beauté
Nous nous demanderons pourquoi et nous irons voir encore plus bas
S’il ne reste pas quelque chose à bouffer
S’il ne reste pas quelque os à gruger
Et tant qu’il y en aura
Nous ne questionnerons plus jamais pourquoi
Tant qu’il y en aura
Nous ne questionnerons plus jamais pourquoi
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6. |
Parfaite
03:06
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Si tu veux tout savoir
J’ai eu la chienne de tes yeux
J’ai vraiment cru au risque d’y tomber
Et ne plus m’en relever
Tout de suite, tellement trop vite
J’ai assemblé pour toi
Un chapelet de mots polis
Que j’ai cloué sur la croix
Quand je suis repartie
Pour faire taire la violence
Qui s’était annoncée
Entre nos deux corps
Un peu trop pressés
Tellement impatients
De s’avaler
De peur de se voir
Et de se regarder
Mais ils criaient pour le doux
La douceur
Que je sentais en toi
Que je sentais entre nous
Mais comme les perles
Entre mes doigts
Le vent filtre
Entre les gens
J’ai décidé de partir
Pour ne pas t’entendre dire
Les phrases vides
Qui tourneraient dans la chambre
Trop longtemps encore
Après mon départ
Tout ce que tu désirais
Était clair dans tes yeux noirs
Et c’était trop beau
Et trop gros pour y croire
Comme toi et moi
Ensemble dans une chambre
Pressés contre les murs
Et contre la structure
Du lit de fer qui pleurera avec toi
Quand je ne serai plus là
Tes épaules trembleront
Oh et ce sera long
Mais tu accepteras ton sort
Tu n’es pas condamné à mort
Tu as du temps devant toi
Tu ne le perdras pas avec moi
Je suis une comète bleue
Qui traverse ta tête folle
De chien qui court après sa queue
Et tombera raide mort au sol
S’il continue de chasser
Et de pister pour repérer
Tout ce qui ne courra jamais
Dans sa direction
Je suis parfaite pour toi je sais
Mon cœur est en lambeaux usés
Et j’ai besoin d’être sauvée
Je suis parfaite, parfaite, je sais
Oh idéale comme la dépouille
Que tu pourchasses depuis longtemps
Celle que tu voulais dans ton lit
Et dont tu voulais les enfants
« Ils seront magnifiques
Ils seront des monuments
Nous les exposerons au mur
Nous les exposerons en grand
Dans nos cimetières désertés
Et nous ferons payer les gens
Quand toutes ces bombes qui ont sauté
Nous auront laissés vivants »
Et dis-moi penses-tu que tout ça
En aura valu la peine
En aura valu les veines
Tranchées, te ranger sur le côté et réviser
La ligne droite tracée
Vaguement sur l’accotement
Si tu peux la marcher
Jusqu’à son extrémité
Tu croiseras tous les avions
Qui ont eu des accidents
À survoler les pentes
Et les batailles terminées
Les coups de poing au ventre
Et tout le temps gaspillé
Si tu veux tout savoir
Tes épaules recommenceront
Elles trembleront, elles trembleront
Ce sera long, ce sera long
Tes épaules recommenceront
Elles trembleront, elles trembleront
Ce sera long, ce sera long
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7. |
Juste un peu
07:26
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Il avait seulement voulu calmer
Cette chose qui cognait
Au creux de sa poitrine
Sans vouloir s’arrêter
C’était un supplice il disait
De dormir juste à côté
De cette fille qui tombait
Et tombait sans arrêt
Et quand elle se relevait
Quand elle se retournait
Avec cette façon bien à elle
Façon un peu trop belle
Il s’était mis à paniquer
Il s’était enfermé
Dans le cabinet
Avait pris des cachets
Pour la tête, la migraine
Même si il savait
Trop bien que la douleur
Ne venait pas de là
Même si il savait
Qu’elle venait d’ailleurs
Il pourrait peut-être
L’engourdir
Juste un peu, juste un peu
Il pensait, ça suffirait
Juste un peu, juste un peu
Il pensait, il se trompait
Il avait mis la lumière
Et s’était observé
Et tout envisagé
Pour se la calmer
Mais ce n’était pas
Aussi simple que ça
N’osant imaginer
Avoir à justifier
Il savait bien que l’enflure
Venait d’ailleurs
Savait que la blessure
Était en profondeur
Même si il savait
Qu’elle venait d’ailleurs
Il pourrait peut-être
L’engourdir
Juste un peu, juste un peu
Il pensait, ça suffirait
Juste un peu, juste un peu
Il pensait, il se trompait
Après des minutes ou des heures
Il ne pouvait dire
Il s’était fait une tête
On l’avait laissé refroidir
Et dans la glace
Il avait vu son reflet
Juste avant de sortir
Du cabinet
Son corps nu dans la lumière
Qui frappait à la vitre
Qui perçait déjà
Rideaux ou pas
Il s’était dirigé
Vers le plus lourd oreiller
Susceptible d’étouffer
Le bruit qu’elle ferait
En réalisant sans comprendre
Sans jamais savoir
Qu’elle mourrait par amour
Mais au dernier moment
Il se ravisa
S’empara des rideaux
En la laissant dormir
Il les découpa
Et les noua l’un à l’autre
Et l’histoire ne dit pas
S’il avait seulement voulu
En ouvrant la fenêtre
Se sauver dans la nuit
Ou finir étranglé
Pour ne pas réveiller
La belle femme d’à côté
Juste un peu, juste un peu
Il pensait, ça suffirait
Juste un peu, juste un peu
Il pensait, il se trompait
Juste un peu, juste un peu
Il pensait, ça suffirait
Juste un peu, juste un peu
Il pensait, il se trompait
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8. |
Musique pour la danse
05:59
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Je presse le pas, je marcherais
Encore plus vite si je pouvais
Je vous vois, je vous entends
Je vous vois, vous aussi avez peur de moi
Et je croise vos visages
Les uns après les autres
Avec leurs histoires
Belles et moins belles
Je vois toute la laideur du monde
Dans le regard des filles
Qui demandent à se vendre
À n’importe qui
Dans le sourire des hommes
Qui les offrent
Et celui de ceux qui les achètent
Oh ceux qui les achètent
Dans les toits de tôle
Et les visages ridés
Dans la pierre concassée
Et les petites filles
Au regard innocent
Pour encore combien de temps
Dans la pierre concassée
Et les petites filles concassées
Et je tombe à l’arrière
D’une voiture parfaite
Flamboyante couleur
Qui déchire la nuit
Et au loin j’entendrai
Une rumeur sourde
Qui dure toute la nuit
Depuis la nuit des temps
La musique
La plus joyeuse au monde
La musique
La plus joyeuse au monde
Danse sans t’arrêter
Avec la mort en sueur
Qui te regarde dans les yeux
Et te sourit à pleines dents
Pour que tu la côtoies
Sans jamais trop la regarder
La mort te fera danser
Garde la tête baissée
Concentre-toi sur tes pieds
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9. |
Les hydravions de trop
03:35
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Les hydravions qui décollent de l’eau
Qui s’envolent toujours deux par deux
Se tiennent en tout temps jamais très loin
À égale distance l’un de l’autre
L’un des deux veut toujours trop
Un peu plus près, un peu plus haut
C’est celui pour qui le coup sera fatal
Celui pour qui la fin sera normale
Les hydravions qui s’écrasent sous l’eau
Qui se fracassent toujours deux par deux
Se tiennent en tout temps jamais très loin
À égale distance l’un de l’autre
Ne font aucun bruit à la surface
Les hydravions qui s’écrasent sous l’eau
Sont les carcasses des amours de trop
Qui se toucheraient sans jamais couler
Couleront sans jamais se toucher
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10. |
Les trous à rats
05:37
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Il est déjà trop tard
Tout le monde est déjà mort
Tout a fermé ses portes, tout sauf les trous à rats
Où je vais m’en aller pour descendre encore plus bas
Aller sentir la sueur des autres
Aller vomir ma peur de l’autre
Où je peux sans être regardé
Descendre encore plus bas
Et je regarde sans toucher
Les longs murs sales et pleins de sang
Et pleins de traces de doigts souillés
Par la monnaie crasseuse
Les cernes des têtes posées d’une cloison à l’autre
Où je collerai l’oreille sur les murs pleins de sel
Je vais vous écouter baiser
Je vais vous supplier : « Laissez-moi vous regarder »
Et j’ai rempli mon corps
Jusqu’à ras bord
Je suis un vase précieux et rare
Où déposer les fleurs
J’essuie mes doigts sur le pantalon de la mort
Tout a fermé ses portes, il est déjà trop tard
Et je vais m’en aller
Pour descendre encore plus bas
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Antoine Corriveau Montréal, Québec
Rocker au coeur tendre.
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