1. |
Cabanon/Bordel
04:36
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Le vent
Porte loin du ciment
Mes pieds
Traînent et glissent sans s’arrêter
Loin, loin d’être prêt
À recommencer
Une vie image découpée
En lignes droites et carrées
Personnages à emprunter
Pour casser la peur des moteurs
De la graisse, la couleur
Qui vient avec
L’orangé des clous rouillés
Sur mes doigts ravagés
Ou dans du bois détrempé
Qui pourrit et moisit
Des jours laissés derrière
Au fond du cabanon
Il a des airs de bordel
Pas de ceux de dentelle
Pas de ceux de dentelle
Mais j’imagine quand même
Ma tête fatiguée morte
Et la nuit qui finit trop vite
La cime des arbres dans mon dos
Me rappelle ceux de chez toi
Le courant et le vent
Sur le fleuve et l’océan
Le pétrole, les bateaux
La fuite et la crue des eaux
L’orangé des matins dérangés
Dans ma tête ravagée
Des images oubliées
Qui reviennent par vagues
De jours laissés derrière
Au fond du cabanon
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2. |
L'écorce
06:05
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Je marche seul
Droit comme un clou
Et le vent ne me fera pas
Vraiment tomber
Derrière moi j’ai tout brûlé
Jeté dans l’incendie mes vêtements, mes mauvais plis
Et devant moi les couleurs changent
Peut-être que les cauchemars se lassent et puis se rangent
Dans la fourrure, les étages
Les couches de protection
L’écorce autour de mon visage
Avant de toucher mon fond
Je suis encore comme une étoile
Il y a 5 pointes dont j’ai envie
5 directions à mon pays
J’ai marché toute la nuit
Et le vent du sud aussi
M’a porté, supporté
Je n’y serais pas arrivé
Ma guerre à moi est finie, mon labeur dans le tordeur
S’envolera avec moi dans le feu, dans la chaleur
Et je n’ai rien à vous dire, rien pour vous faire souffrir
J’ai trop vu pâlir votre peau en même temps que vos mots
Dans la fourrure, les étages
Les couches de protection
L’écorce autour de vos visages
Avant de toucher vos fonds
J’aurai besoin d’enterrer mes remords
De me perdre pour être certain
Que je ne retournerai pas les voir
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3. |
Barcelone
03:13
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J’avais des plans, des beaux projets
Des fenêtres ouvertes le printemps
Le vent qui entrait et sortait
Et j’espérais la pluie longtemps
Il y avait ce soir dans le ciel
De la lumière comme des éclairs
De la lumière un peu trop belle
Pour être celle des lampadaires
Je n’ai pas pu m’en empêcher
Je t’ai vu toi, ton appareil
Le sourire, l’objectif braqué
Pointé sur moi qui te surveille
J’en ai assez, trop arpenté
De ces trottoirs en solitaire
Fuyant de peur de ressembler
Tous ceux qui laissent ce goût amer
Laissons-les se battre si tu veux
C’est un combat perdu d’avance
Et nous n’avons pas besoin d’eux
Car chaque jour ils recommencent
Je veux regagner Barcelone
Même si je sais que tu crains
Que nos pas à nous n’y résonnent
Bien que parce que l’on est certains
Qu’on ne nous y trouvera pas
Que l’on n’est pas là pour personne
D’autre que toi et moi
À Barcelone
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4. |
Fusillez-moi
03:30
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Ils en ont eu
Quelques-uns à la frontière
Je les ai vus
Mais je ne les connaissais pas avant-hier
Maintenant qu’on a passé la nuit
Derrière les mêmes barreaux
Et qu’on n’a pas beaucoup dormi
Parce qu’on se doute un peu trop
De ce qui nous attend au matin
On s’est parlé sans qu’on nous force trop la main
Montré de nos amours les portraits
Raconté les histoires que l’on regretterait
Et quand cette lumière trop franche
A réveillé les moins bavards
Qu’on a constaté que nos chances
De s’évader deviendraient rares
On a marché en ligne bien droite
Le plus zélé des échevins
A sorti de l’ombre nos peaux moites
Pour mieux les offrir aux requins
Fusillez-moi avec les autres
Ce sera mieux que de ramasser les dégâts
Il y a toujours un coupable en faute
Alors cette fois ce sera moi
Fusillez-moi avec les autres
Fermez les yeux pour ne pas voir
Que lorsque toutes ces têtes sautent
C’est comme tirer dans un miroir
Que leur malheur devienne le vôtre
Pour que je puisse le contempler
Fusillez-moi avec les autres
Mais fusillez-moi en dernier
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5. |
L'uniforme
04:08
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Elle fume comme une cheminée
Elle est dehors devant la porte
Elle parle et elle s’écoute parler
Et puis c’est dans l’air de l’époque
Hier on s’en souvient encore
De ces belles larmes pleines d’espoir
Dans ces yeux un peu ravagés
Maquillés plus que pas assez
On aurait dit une grande actrice
Une grande actrice sur son déclin
Qui nous repasse son vieux disque
La gloire, le fils et le destin
“Il est parti comme un guerrier
La tête haute remplie d’espoirs
Et maman a tellement pleuré
Marcher droit, c’était beau à voir
C’était par un joli dimanche
Le printemps était en avance
Et les lilas déjà en fleurs
Pour savourer notre bonheur
Il avait même pour l’occasion
Enfilé son bel uniforme
Dans mes yeux mon petit garçon
Était enfin devenu un homme”
J’entends encore sa voix tragique
Entre deux quintes de toux bien grasses
Raconter son moment magique
Et en brailler la grande tasse
Le moment, l’émotion parfaite
Et les conversations surfaites
Il nous rapportera des médailles
Des fruits de tuerie, de bétail
Et dans les yeux où elle se voit
Où elle ne s’est jamais trouvée
Chez tous ces gens, dans toutes ces voix
Qui ne l’ont jamais intéressée
Elle cherche un peu de réconfort
Pour se convaincre qu’elle a raison
D’accuser les autres des torts
Du nouvel homme de la maison
Qu’une bille à la place du cerveau
Soit parti pour sauver nos peaux
Qu’elle n’est pas l’unique carburant
De cette bombe à retardement
Dans deux ou trois ans le veinard
Pourrira au fond d’une tranchée
Dix-sept balles logées dans le corps
Et dévoré par les cafards
On vous enverra des soldats
Messagers qui paieront notre dette
Devant la tombe où tu n’es pas
Maman fumera sa cigarette
En permission ils sont finis
Ils brisent tout ce qu’on leur apporte
Parce qu’ils en ont vraiment envie
Pour obtenir la meilleure note
Tu crois qu’il aime ce qu’il devient
Parce qu’il reste droit dans les rangs
Tu crois vraiment qu’on en revient
Pour retrouver sa chambre d’enfant
Tu crois qu’il sera général
Parce qu’il te cache ce qui fait mal
Parce qu’ils en ont pour des années
Avant de pouvoir reparler
Rappelle-toi de la dernière fois
Où tu as entendu ta voix
Où tu as eu peur pour quelqu’un
Était-ce vraiment si opportun
Plus beau encore que les colombes
Le tranquille sifflement des bombes
Restera juste dans ta tête
Même quand tu voudras qu’il arrête
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6. |
Sur l'autoroute
03:19
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Sur l’autoroute
On a parcouru des distances
On a planifié nos remords
On a défoncé nos absences
Au bout de la route
On a compté nos quelques pièces
Un voilier ou sa majesté
Pour le futur on aura du lest
Bien ancrés derrière la fenêtre
Échoués sur 800 kilos de ferraille
On a imaginé la suite
Roulé jusqu’à la prochaine faille
Les côtes comme les courbes d’un graphique
Les hauts, les bas, les passages plats
Les courbes, les routes à sens unique
On avait vu tout ça déjà
T’arrête pas
Surtout t’arrête pas
J’ai l’impression que si on roule sans s’arrêter
Rien ne s’arrêtera
Tout ça continuera
J’espère que tu ne pleures pas
Dans cette maison trop grande pour toi
Dans ce lit tellement vide
Et tellement froid
J’espère que tu ne pleures pas
Dans ce pays trop petit
Pour toi et moi
Sur l’autoroute
Au bout de la route
Sur l’autoroute
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7. |
Dérapages
03:03
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Il y a sûrement des embouteillages
Quelque part dehors, quelque part ailleurs
Il y a tout le temps quelques dérapages
Quelque part dehors, quelque part mon cœur
Ce serait sûrement mieux si c’était loin
Dans une autre ville ou chez le voisin
Ce serait moins lourd si c’était un autre
Si c’était quelqu’un, si c’était ma faute
Dans une autre ville, dans une autre vie
Ce sera encore toi
Et pour m’endormir si je réussis
Ce sera encore toi
Il y aura sûrement d’immenses voitures
Qui disparaîtront sans trop de douleur
Il y aura tout le temps quelques vieilles blessures
Quelque part ici, quelque part sur nos cœurs
Dans une autre ville, dans une autre vie
Ce sera encore toi
Et pour m’endormir si je réussis
Ce sera encore toi
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8. |
Qu'est-ce qui te va?
04:05
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Est-ce qu’on s’entend
Pour dire qu’on ne s’entendra jamais
Ou du moins est-ce qu’on comprend
Qu’on ne s’écoutera pas plus qu’il ne le fallait
Est-ce qu’on voit
Qu’on s’évite du regard
Ou alors est-ce qu’on conçoit
Qu’il n’y a plus rien à voir
La douleur qui passe
N’existe pas
Les gens se cassent
En se serrant dans leurs bras
Dis-moi, dis-moi, dis-moi
Qu’est-ce qui te va?
Avec le temps qui maintenant
Avance beaucoup plus vite qu’avant
Je vais inévitablement
Vieillir plus rapidement
Et plus jamais je ne goûterai
Ce lointain souvenir sucré
Je vais partir, je vais rouler
Rouler beaucoup, rouler longtemps
Et n’arriver jamais vraiment
La douleur qui passe
N’existe pas
Les gens se cassent
En se serrant dans leurs bras
Dis-moi, dis-moi, dis-moi
Qu’est-ce qui te va?
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9. |
Distance usuelle
04:24
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Garde le silence
Je n’ai pas envie de t’entendre
Garde tes distances
Je n’ai pas envie de reprendre
Le combat où je l’ai laissé
Dans mon ancien appartement
Il y a des marques sur le plancher
Des traces qui ont figé longtemps
Je ne veux pas revivre ça
En arriver à détester
Tous les gens tout autour de moi
Je ne veux pas me répéter
J’ai autre chose à faire des nuits
Que de les passer éveillé
En croyant qu’eux ils m’ont menti
Que c’est eux qui m’ont saboté
Avec le temps j’ai bien compris
Que je m’étais perdu tout seul
Que j’étais l’unique responsable
Des sabordages et des naufrages
Mais sur la mer je dois filer
Ne pas me laisser dériver
Les esprits sont un peu trop faibles
Et les guerres un peu trop faciles
À déclencher
Dans la distance il n’y aura rien
Pas d’espace à remplir du tien
Juste une zone un peu tranquille
Pour laisser visiter les miens
Et l’horizon arrivera bien
Garde le silence
Je n'ai pas envie de t'entendre
Garde le silence
Je n'ai pas envie de t'entendre
Je garde le silence
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10. |
Rosie
05:26
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Je vis seul avec Rosie
Depuis 94
J’ai un deux pièces et demie
Et j’ai accès au sous-sol
J’ai couvert à temps perdu
Le plancher en terre battue
De bois d’ébénisterie
Pour éloigner les fourmis
En descendant l’escalier
Pour faire voir le résultat
Je me suis coincé le pied
Dans la marche qui n’est plus là
Mes lunettes se sont cassées
Mais ma tête n’a pas tout pris
Je n’entendais plus chanter
Dans la cage de ma Rosie
Mon oiseau s’était taillé
Mais pas comme j’en avais rêvé
C’est ici que je gardais
La semoule et les graines
Ça les conservait au frais
Pour quand Rosie en voulait
Et je les mange en pleurant
Et je pleure en regrettant
Qu’elle soit morte dans mon sous-sol
Les oiseaux devraient je crois
Toujours mourir en plein vol
Mon oiseau s’était taillé
Mais pas comme j’en avais rêvé
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11. |
Hôtel
02:53
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Des arbres nus
Du paysage qui se fige
Et cette idée des idées claires était jolie
Mais elle est loin
Elle est ailleurs, elle est finie
Et je suis loin aussi ici
Je veux voyager par hiver
Et visiter ton beau désert
Quitter cette chambre d'hôtel vide
Et disparaître dans les rapides
De la vieille rue
Et de la brique qui s'érige
Se démolit comme un erre d'aller qui s'épuise
Tes yeux partout
Et moi qui tangue à t'éviter
Moi qui ne peut pas t'habiter
Je veux voyager par hiver
Et visiter ton beau désert
Quitter cette chambre d'hôtel vide
Et disparaître dans les rapides
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12. |
Kilomètres
06:01
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Les lames sèchent sur la baignoire
Je suis un arbre, je suis carré
Et proprement vêtu de noir
Les circonstances savent commander
Comme se croiser dans la vitre
Tu le sais le temps peut filer trop vite
Dix années passent dans un portrait
Et j’ai déjà été celui qui le prenait
Mais je ne suis pas comme ceux que vous connaissez
Je n’ai rien à voir avec eux
Des kilomètres, des kilomètres de beauté
J’ai tellement peur de crever avant d’être arrivé
Et je continue d’avancer
Mais l’huile, comme une mer d’huile
Qui ne bouge jamais, le plan
Est échelonné sur mille ans
Même si les villes sont des brasiers
Qui se meurent à l’horizon
Que tes ratés s’envolent en fumée
Comme si brûler pouvait aider à oublier
Mais je ne suis pas comme ceux que vous connaissez
Je n’ai rien à voir avec eux
Vous verrez des kilomètres, des kilomètres de beauté
J’ai tellement peur de crever avant d’être arrivé
Des couvertures, de la laine
De tous les tissus possibles
Il faudra réchauffer les peines
Ne jamais les laisser mourir
Des kilomètres
De ceux qui finissent par vous fatiguer
De ceux qui finissent par vous perdre
Tellement ils savent se ressembler
Des kilomètres, des kilomètres de beauté
J’ai tellement peur de crever avant d’être arrivé
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13. |
Aoûtement
02:59
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L’automne arrive encore
Moi je remonte à la surface
Je cherche un peu trop mon air
Et tout débarrasse
L’odeur de la terre qui regèle
Déracine les grandes chaleurs
Le poids des râteaux et des pelles
Comme des outils sur mon cœur
J’aime me mentir un peu
Et peu importe la manière
Il y a trop d’endroits dans mes yeux
Où le danger prend par-derrière
Quand l’automne sera fini
J’aurai découpé mes pieds
Déposé sur le tapis
Des racines pour avancer
J’aurai sorti des couteaux
Des sécateurs et des ciseaux
Pour que plus personne n’ouvre mon cœur
Et le monnaye aux échangeurs
Je ne peux pas, tu ne peux pas
Supporter ça pendant longtemps
Une ville triste tout un état
Et la quitter tout simplement
|
Antoine Corriveau Montréal, Québec
Rocker au coeur tendre.
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