1. |
Quelqu'un
04:17
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Je n’ai jamais été quelqu’un
D’entre les visages, venu
Des profondeurs de la raison
Du calme et de la crevaison
De la ferraille dans le fossé
C’est là que tu m’avais trouvé
Le corps pesant, la tête blanche
J’étais arrivé en avance
Je n’ai jamais été quelqu’un
Qu’on ramassait dans le ruisseau
Le disparu de l’an dernier
Qu’on n’espérait plus retrouver
L’évadé sur les poteaux
Qui garde la tête hors de l’eau
Pour gagner un peu de terrain
Et te défigurer demain
Je n’ai jamais été quelqu’un
À l’étalage, parvenu
Sans ecchymoses, à l’avant-garde
Avant le retour des outardes
Aux funérailles de ma mère
Tu as allumé la lumière
Sur mes mains aux veines tendues
J’étais déjà revenu
Je n’ai jamais été quelqu’un
Que l’on traînait sur son dos
Les jambes brûlées, lourdes et bleues
Qui te relève en plein milieu
Le réfugié, qui dans tes bras
A menti pour arriver là
Puis gagner un peu de terrain
Et te défigurer demain.
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2. |
Maladresses
01:59
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Je ne reste jamais
Très longtemps
Au même endroit
Au même endroit
Je ne reste jamais
Aussi longtemps
Qu’on m’aimerait là
Qu’on m’aimerait là
Ça compte pour les adresses
Ça compte pour les maladresses
Ça compte pour les adresses
Ça compte pour les maladresses
Je ne reviens jamais
Vraiment
Où a coulé mon sang
Où j’ai perdu mon temps
Je ne reviens jamais
Vraiment
Là où tu m’attends
Là où tu m’attends
Espérant ton repère
Tâtonnant dans le noir
Pour trouver ma main
Où elle a déjà été
Peut-être je prends la fuite
Et peut-être que j’évite
De laisser tes yeux voir
Tous ces pans de moi
Ça compte pour les adresses
Ça compte pour les maladresses
Ça compte pour les adresses
Ça compte pour les maladresses
Je ne reste
Jamais
Vraiment ce que j’étais
Vraiment ce que j’étais.
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3. |
Maison après maison
04:31
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Maison après maison
Il n’y en aura plus une avec la lumière allumée
Maison après maison
Plus aucune debout après que je sois passé
Maison après maison
Je fais ma ronde habituelle
Je m’en vais demander pardon
C’est le soir des poubelles
Derrière chacune des portes
Que j’ai refermées
Sur les amours mortes
Que j’ai contournées
Le printemps à son tour
Revenait tout le temps
Mais il me faisait toujours
Un peu plus mal qu’avant
Rien ne bougera pourtant
Si je retourne voir
Les enfants seront grands
Et moi je serai mort
Maison après maison
Plus aucune debout après que je sois passé
Je laisse derrière moi
Les clés sous le tapis
La rumeur de ma voix
Qui s’évanouit
Sur la plaquette en bois
Au poteau, accroché
Mon nom dehors, qui bat
Au vent dans le danger
Tous les taxis
Ferment leur lumière bleue
Je lève encore le bras
Et j’espère que l’un d’eux
Va s’arrêter pour moi
Maison après maison
Il n’y en aura plus une avec la lumière allumée
Maison après maison
Il n’y en aura plus une ouverte à l’année
Maison après maison
Plus aucune debout après que je sois passé
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4. |
Albany
03:32
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Sur la 87 vers Albany
À la sortie pour Lewis
En arrivant du Nord
Ne roules pas trop vite
Et tu pourras la voir
La première maison à l’abandon
Il y a deux portes devant
L’une d’elles est ouverte
Et l’autre n’est pas verrouillée
Tu n’y trouveras pas grand chose
Quelques bouts de carton
Recouvrent ce qu’il reste de plancher
Et partout autour
Que cet alphabet
Je ne saurai pas
Ce qu’il racontait
Je ne saurai jamais
Et si depuis moi
Personne n’y est passé
Tu trouveras encore
Rassemblés dans le placard
Des centaines d’exemplaires
Du même jour dans le journal
Je ne sais pas c’est quand
C’est écrit en Arabe
Et sur la cheminée
Tu trouveras aussi des livres
Ils seront tous signés
De la même main
Aucune réponse de plus
Aucune note, aucune trace
Je crois que toi non plus
Tu n’y trouveras rien
Et partout autour
Que cet alphabet
Je ne saurai pas
Ce qu’il racontait
Je ne saurai jamais
Le poste de police
Est juste à côté
Je n’ai pas osé
Avec mon auto
Stationnée dans l’entrée
Immatriculée K98 NYD
Je ne suis pas d’ici
Et vous le savez
Ne va pas mourir, indiscret
En fouillant dans les affaires
Ne va pas salir
Les affaires étrangères
De celui, qui, on s’en doutait
Avait quelque chose à cacher
Pour que quelqu’un soit venu
D’aussi loin pour le chercher
Et partout autour
Que cet alphabet
Je ne saurai pas
Ce qu’il racontait
Je ne saurai jamais
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5. |
Un arbre
01:49
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Sous l’arbre presque mort
À qui il ne reste
Que quelques branches vertes
Qui tendent vers le ciel
Au début du mois de juin
J’étais seul en silence avec lui
Quand j’ai entendu
Les mots de tous ceux
Qui se sont étendus
À l’ombre de son feuillage d’avant
Se batailler le Nord
Pour essayer de vivre plus longtemps
En cherchant sans savoir
Lequel des deux est encore vivant
Et lequel est mort
Brûlé vif au soleil
J’ai senti se poser
Sur moi toutes les mains
S’étant posées sur lui
Celles des hommes et des femmes
Qui ont déjà été en vie
Se batailler mon corps
Cherchant à vivre encore
Comme les couleurs sur ce territoire
Qui se sont de plus en plus rares
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6. |
Cheapcheapcheap
02:48
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Je suis dans l’immeuble d’en face
Quelques étages plus haut que toi
Je retrace
Ton parcours avant qu’il ne s’efface
Tu reviens encore sur tes pas
Ce sera la dernière fois
Léger, léger comme l’air
Tu fais ta prière
Cheap cheap cheap
Tu n’es plus dupe de rien
Mais tu es encore là quand même
Tu retiens
Une mèche de tes cheveux dans tes mains
Tu es le seul qui la regarde
Et qu’elle regarde en même temps
Presque nue à la fenêtre
Et la vie devant
Cheap cheap cheap
Cheap cheap cheap
Tu regardais derrière ton dos
Tu revenais sans dire un mot
T’avais besoin d’une cigarette
T’as demandé une allumette
Venue des mains qui ont touchées
Le corps d’une fille que t’as croisé
Un cul parfait dans un tissu cheap cheap cheap
Toi tu fumais et tu feelais cheap cheap cheap
Moi je pissais dans l’urinoir
Près du guichet dans le gaz bar
J’ai vu ta main sur le granit
Et ton reçu flobbé trop vite
T’avais besoin d’une cigarette
T’as demandé une allumette
Venue des mains qui ont touchées
Le corps d’une fille que t’as croisé
Un cul parfait dans un tissu
Cheap cheap cheap
Toi tu fumais et tu feelais
Cheap cheap cheap
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7. |
Peut-être
03:06
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Et peut-être aussi
Que cette maison
Nous l’avions choisi
Près de l’Océan
Près du Fleuve
Pour une raison
D’une précision
Certaine
Et peut-être aussi
Que cette fin annoncée
Cette grande crue
Ces glaciers disparus
Ces eaux
Qui nous auront terrassés
Peut-être aussi
Voulais-je m’en rapprocher
Les regarde en face
Et ne plus faire comme si
Elles n’allaient jamais
Nous trouver
Et peut-être aussi
Que je voulais voir
Les rosiers, la terre
La clôture et l’herbe
Les vestiges de la piscine
De béton à l’abandon
La plage, le mur de pierre
Et enfin la maison
Partir avec nous
Sans bruit
Sans explication
Peut-être aussi
Peut-être
Nos corps se charger
De ces eaux profondes
Glisser au sommet des falaises
Dans l’obscurité
Quand avec la mer
La plus haute marée
Se reconnaîtront
Dans le bleu
Une dernière fois
Mes yeux
Le ciel
Cette maison
Sans bruit
Sans douleur
Sans explication
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8. |
Kenny U-Pull
01:24
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Au Kenny U-Pull, man
You pull man!
Septembre commençait à peine
Et nous revenions de vacances
Je n’avais presque plus une cenne
C’était notre jour de chance
Mes mains tremblaient sur le plastique
Au beau milieu de la 10
Combien de chocs en une année
Mon corps pouvait-il encaisser
On a dévié, on a tordu
On a plié, mais on a tenu
Avec la peinture un capot avant
Ça va chercher facilement 800
Ça fait qu’on est allés
Au Kenny U-Pull, man
You pull man!
T’emmènes tes outils
Pis quelqu’un qu’tu trust avec des outils
Tu croises les doigts qu’ils aient le morceau
Qu’il te faut
Au Kenny U-Pull, man
You pull man!
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9. |
Ils parlent
03:05
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Et ils parlent pendant que j’attends
Derrière le volant, à hauteur d’enfant
Le bras à la fenêtre, la fenêtre baissée
J’ai eu le vent pour moi, ça pouvait pas durer
Ils mettent fin à tout ce qu’ils ont commencés
Et ils sont toujours contents à la fin de la journée
Le père de mon père dans le magasin général
La transaction prend du temps, j’ai peur est-ce que c’est normal?
Et ils parlent pendant que j’attends
Qu’à la fenêtre disparaissent des femmes sans qu’ils en parlent
Que les vapeurs de fort m’arrivent jusqu’ici
La vieille haleine de mort de l’homme qui crie dans le bar
Accroché à sa table, à demi-décodable
Il me répétait toute la musique qu’il connaît
« Du jazz, du blues, du country, du rock man he… du folklorique là he… du village…
D’la guitare, d’la bass, d’la slap bass, des percussions, des drums, acoustique, électrique, YOU NAME IT! »
Et ils parlent pendant que j’attends
Je repense à l’Église, oh la table était mise
Je me demande comment ont souffert mes parents
Alors que juste devant une silhouette se détache
Le père de mon père dans le magasin général
La transaction prend du temps, j’ai peur est-ce que c’est normal?
Le gars s’avance vers moi, ses yeux sont presque fermés
Il me sourit mollement et il se met à crier :
« GIVE ME A BOTTLE OF BEER!
GIVE ME A BOTTLE OF BEER!
GIVE ME A BOTTLE OF BEER!
GIVE ME A BOTTLE! »
Et ils parlent, font la leçon d’histoire
Les colons sur la rive, le progrès qui arrive
Ils survolent le sujet en un après-midi
Les deux guerres et la paix; assez pour aujourd’hui
Le policier qui passe, les yeux baissés qui cassent
En route vers le parc pour y chasser le black
Et pendant que j’attends ils répètent aux enfants
Que l’indien est le méchant et la victime est le blanc
|
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10. |
Le bruit des os
02:41
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|||
Regarde mes os, regarde
Ce sont les mêmes que les tiens
Ils sont raides, ils sont blancs
Ils sont vides par endroits
Sourds autrement
Solides et étroits
À ma mort
Si tu les veux, tu les prends
Tu les tapes l’un sur l’autre
Et le bruit, mon amour, le bruit
Nos deux corps
Feront la même mélodie
Tinte le son de la gravelle
Tout au long de la carrosserie
Et endommage la peinture
Petit à petit
Regarde mes os, ma peau
Elle est si fine qu’on les voit
Tendus, prêts à la fendre
Ils sont encore droits
Fragiles et portant
Les cicatrices des fractures
À ma mort
Si tu peux, tu les prends
Tu les accroches à la voiture
Et le bruit, mon amour, le bruit
Nos deux corps
Feront la même mélodie
Tinte le son de la gravelle
Tout au long de la carrosserie
Et endommage la peinture
Petit à petit
Regarde mes os, regarde
Ce sont les mêmes que les tiens
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11. |
Les sangs mélangés
06:04
|
|||
Oh j’étais un romantique
Je rêvais de sagesse, de lenteur
Me faire soigner en Amérique
Par une médecine à base de fleurs
Les racines que je mangerai
Mon retour à la terre
Celle que j’avais défrichée
Et retranchée, et retranchée
En ligne habituée
En ordre de grandeur
Les sangs mélangés
Vous donnaient mal au coeur
On me décrira patiemment
Moins animal et moins frette
Je n’étais pas bien méchant
Mais n’était pas fait pour les miettes
Celles que je laisserai derrière
Rangées dans mon testament
Oh comme je repartirai fier
La fin du monde au premier rang
En ligne habituée
En ordre de grandeur
Les sangs mélangés
Vous donnaient mal au coeur
En Amérique
On a tous du sang indien
Si c’est pas dans les veines
C’est sur les mains
Flying in on a black crows back
From west to east with wounds to heal
I have always known my heartbeat
But never what I am
My body, my home, my future
The everyday routine
The kissing of the kissing
The birthing of the children
The asking without asking
Does it matter that we’re dying?
If not for you I could not say
The past has grown into a tree
That fades and blossoms with the seasons
Grown, sustained and blinded
Like a generation
I let her roots dig deep in me
I let her penetrate me
To hear, to hear, to hear
To see, to see, to see
To be, to be, to be
A mutual strain of memory
A collective voice and melody
Would I become a wind then?
A being amongst beings
A heart within a heart
En Amérique
On a tous du sang indien
Si c’est pas dans les veines
C’est sur les mains
|
||||
12. |
Disparition
03:45
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|||
Il est loin derrière déjà
Le temps où tu étalais
Sans couper dans le gras
Tout le mal qu’on t’a fait
La violence était de saison
La honte se lisait sur les traits
Arrivés à la conclusion
Que personne est parfait
Je me souviens de peu de choses
Des couteaux longs comme ça
« Si j’ose, si j’ose »
Des couteaux longs comme ça
« Si j’ose, si j’ose »
Encore combien de fois?
Elle est loin derrière aussi
Ta mémoire bruyante
Je dis à ceux qui passent ici
Que tu es encore vivante
L’année de ta disparition
Ma voix dans son indécence
Et toutes les déclinaisons
De ton silence
Je me souviens de peu de choses
Des couteaux longs comme ça
« Si j’ose, si j’ose »
Des couteaux longs comme ça
« Si j’ose, si j’ose »
Mais tu oseras pas
|
||||
13. |
En Corolla au Canada
04:37
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|||
Je suis parti tuer le char dans les prairies
Traverser le Canada de nuit
Même si une Toyota Corolla
Tu peux pas vraiment tuer ça
J’espère que ça va arriver
Quand j’aurai plus personne à dépasser
Pour que tout le monde repasse à côté de moi
Et pour qu’ils voient dans la fumée monter
Un message qui dira que je suis désolé
J’ai laissé les fenêtres du char grandes ouvertes
Pour que l’on pille le peu de choses qu’il me reste
Même si pour voler une 2002
Ça prend vraiment quelqu’un qui veut
J’espère que ça va arriver
Quand j’aurai encore du gaz à brûler
Pour que tout le monde pense que ça valait la peine
Et pour ne plus sentir le vide à mes côté
Ni voir ta trace sur le siège passager
Je finirai à pieds dans la nuit qui achève
J’arriverai avant que le soleil se lève
Et je m’endormirai sûrement sans trop attendre
En espérant que mon message se rende
J’espère que ça va t’arriver
Quand y’aura plus rien en toi pour le nier
Tu seras la seule à savoir que je t’aime encore
Et quand tu reconnaîtras l’auto volée
Tu sauras que j’attends ici que tu viennes me chercher
|
Antoine Corriveau Montréal, Québec
Rocker au coeur tendre.
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