1. |
Un par un
07:07
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Je dessine des ombres longues
Des lumières de fin d’été
Et ton ombre qui s’allonge
Comme une rivière sur le plancher
Un courant froid que j’ai laissé
Doucement t’emporter
Comme l’heure en trop qui disparaissait
Quand celle d’hiver revenait
Et l’ombre qui remontera flottera à la surface
Elle ira rejoindre tous les autres morceaux de glace
Là où l’eau devient de la mort tellement il fait cassant
Et tellement la mort fera partie du plan
J’ai emballé dans la toile
Un des mille corps à larguer
L’ai trainé sous les étoiles
Comme un boulet sur le plancher
Un courant froid que tu as laissé
Doucement m’emporter
Comme l’heure en trop qui disparaissait
Quand celle d’hiver revenait
Et l’ombre qui remontera flottera à la surface
Elle ira rejoindre tous les autres morceaux de glace
Là où l’eau devient de la mort tellement il fait cassant
Et tellement la mort fera partie du plan
Oui tellement la mort fera partie du plan
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2. |
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Je suis une montagne érodée
Embrassée par la mer
Sur chacun de mes flancs
Je disparais tranquillement
J’ai vu des montagnes pleurer
Pour faire monter la mer
Plus rapidement
Et se laisser noyer
Même les deux arbres
Qui avaient poussé côte à côte
Se sont perdus quand est venu
Le temps des coupes à blanc
Quel est ce vent
Qui est passé si rapidement?
Saccager le versant connu
De l’île que je suis devenu
Et si j’ai laissé bâtir
Quelque chose de temporaire
C’est que c’est là où je sais
Je serai rongé par la mer
J’ai attendu et attendu
Qu’on ne me reconnaisse plus
Une fois rendu, une fois rendu
J’ai regardé mourir la vue
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3. |
Noyer le poisson
03:26
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Il y a une large plaque de glace
Qui est en train de se casser
La bonne pression à la bonne place
Finira par tout faire céder
Et l’eau bleutée du lac gelé
Finira le travail
Aucun survivant de rincé
À remettre sur les rails
Le lac reste froid comme moi
Si je suis laissé sur la table
Mais le trou se referme sur la voix
Qui criait l’insupportable
Et pour maintenir la tension
Rien de mieux que l’eau glacée
Comment noyer un poisson
Sans risquer de se brûler
Mais la glace se casse sous les pas
De la foule qui avance et qui sait où elle va
Oui la glace se casse sous les pas
De la foule qui avance et qui sait où elle ne reviendra pas
Mais des maisons au loin les voisins
Trouvent encore ça tranquille
Ce n’est probablement rien
D’autre qu’une chicane de famille
Ce sera tellement gros que tu y croiras
Ça te surprendra plus
Ce sera tellement laid, ça te surprendra pas
Fais avec ce que tu es devenu
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4. |
La ville d'où on vient
03:45
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La ville d’où on vient est un chien
Comme il ne s’en fait plus
Un chien qui se souvient
Et qui n’est pas déçu
Trop content de son sort au matin
Ce n’est pas cette nuit-là qu’on l’aura abattu
Parce qu’il n’y a pas de souvenirs
Reliés à quelqu’un
Qu’il n’y a pas de sourires
Qu’il n’y a pas de parfums
Parce que l’endroit a ses défauts
L’endroit a son histoire
Nous ne rêverons pas plus beau
Comme point de départ
Parce que toutes les rues sont les mêmes
N’en préférez aucune surtout
Même si d’autres chiens loin derrière peinent
Ne réinventez pas la roue
Stockez vos mémoires fières quand même
Vous tuez ce que vous laissez derrière vous
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5. |
Je sors dehors
06:24
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Je sors dehors
Je sors enfin d’ici
Même s’il est trop tard
Je sens que la nuit
Ne m’a pas encore
Traversé le corps
Je sors d’ici
Je refais nos vies
Les 18 roues passent et me frôlent
Arrachent un peu de toi en passant
Même si tout débarque de sur mes épaules
C’est lentement mes pas qui sont de plus en plus pesants
Je marche et lentement
Je redescends
J’ai prévu trop court
Pas prévu le prochain tour
Le son des déneigeuses
Me fait du bien
Il enterre et creuse
Un trou pour ton cœur et le mien
Va-t’en, mais va-t’en pas tout de suite
Reste comme avant, fais un peu semblant
Accote-toi encore le dos sur le divan
Reste une dernière fois avec moi
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6. |
Le nouveau vocabulaire
03:08
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Brisés de bord en bord
Du dos jusqu'au ventre
Les os sur l'asphalte
Et le coeur dans la fente
Nous nous sommes arrêtés
Sous le poids des massues
Nous nous sommes étendus
Et pendant qu'on tombaient
Lentement et devant
Tout ça n'achèverait pas
Et ça durerait longtemps
Et plus on tomberaient
Et plus vite ça irait
Mais le fracas et le bruit
N'arrêteront plus jamais
Et sous les globes éteints
Et dans les portes ouvertes
Nous serons maintenant seuls
À tirer la couverte
Il était déjà tôt
Il faisait déjà clair
Nous apprendrons
Le nouveau vocabulaire
Ce sera l'amélioré
Celui de la réforme
Qui s'est plié au trou
Dont il a pris la forme
Et les jours qui se lèvent
Debout comme des maisons
Seront jetés par terre
Comme les belles raisons
Seront jetés par terre
Un peu comme plusieurs
Avaient démoli l'envie
De chercher meilleur
Chercher à revenir
Sans se faire de secret
Revenir uniquement
Pour jouer dans la plaie
Nous connaissions par coeur
Notre destination
Mais la marche serait trop longue
De toute façon
Quand vos ombres s'allongeront
Au dessus de nous
Nous serons des éponges
Qui garderont tout de vous
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7. |
Printemps, printemps
03:50
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Pleure, pleure
Printemps, printemps
La nuit est noire
Meurt, meurt
Sombre pesant
Comment étions-nous avant?
Le silence, la faille
La déchirure, l’immense
Celle au fond
Celle noire comme la nuit
Printemps, printemps
Je ne me retourne pas
Je sais déjà d’où j’arrive
Et j’ai vu ce que j’ai
Laissé derrière moi
Des amis sont partis
Le quartier est coupé
En deux entre deux vies
Le quartier a changé
Printemps, printemps
J’ai vidé la remise
Du balcon de derrière
Et les armoires aussi en dessous de l’évier
J’ai fait une belle pyramide
De bouteilles vides
Sur le bord du trottoir
De la rue Messier
Et immobile depuis un moment
Je fixe les regards inquiets
Des photos sur le mur
Qui voient venir le fond de la boîte à chaussures
Je me bats contre les traits
Fatigués, tirés et défaits
Qui rabaissent mes épaules vers le bas
Le tapis où le chat a vomi
Un reste de repas heureux
Comment étions-nous avant?
La moitié du tiers d’une vie entassée dans des boîtes
De papier cul identifiées LIFE
Ramassées à la pharmacie
Après le 17e jour de pluie d’affilée
Du mois de mai
Le carton humide sent la pisse
Et mon haleine la mort
Les yeux qui fatiguent plissent
Sous les rayons un peu trop forts
Du soleil qui tape dans la vitre
Printemps, printemps
Comment étions-nous avant?
Et j’ai sali mon cœur
Ma peau est déchirée en lambeaux
Par les mois d’équilibre incertain
De positions d’immobile qui avancent tranquille
Comme mille lames de rasoir en cadence
Pour m’ouvrir les joues, m’amaigrir, me creuser
M’emmener au squelette, voir le fond
Voir la base, le frame, la fondation
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8. |
La tête en marche
05:01
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Et c’est ici que l’hiver est débarqué
En premier cette année
Je l’ai vu, je le sais, j’étais là
Là où l’horizon n’existe pas
Là où devant est forcément
Un mur, un bâtiment
Qui, la tête en marche
Ne sait plus qui suivre, qui écouter
Ne sait plus rien que se dresser
Mais il doit continuer encore
Il n’y a toujours pas eu de mort
L’un des deux camps reste stoïque
Le son du vent contre la brique
Ils devront continuer encore
Jusqu’à ce qu’il y ait au moins un mort
Les armes aux mains il te regarde
Pas si loin, s’il veut il peut même
Te regarder dans les yeux
Et puis si tout en même temps
S’arrête de bouger, de crier pour 3 secondes
Il pourra même t’entendre respirer
Et ce souffle lui sera familier
Puisqu’il ressemble à s’y méprendre au sien
Il tremble et sait qu’il est l’écho au tien
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9. |
Tu es comme la nuit
04:34
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Tu es comme la nuit
Et je suis comme la nuit
Dans nos têtes au matin, l’essence
Brûle tout, tout recommence
Entre ce dont on peut
Et ce dont on ne peut pas parler
Entre nous deux et entre ceux
Que l’on veut oublier
Ça reste un peu froid ici mais encore
Ça reste encore bien plus froid dehors
Oui j’aurai peur et je douterai
Ça durera encore
Encore un moment à espérer
À s’acharner trop fort
Dans le vide ou dans quelque chose
D’inconnu
De flou, d’imprécis, d’abstrait
Qu’on s’aime pour de vrai
Tu es comme la nuit
Et je suis comme la nuit
Dans ta tête au matin, l’essence
Ne brûle rien, tu recommences
Je suis dur et je le resterai
Je resterai fermé
Puis je vieillirai, je vieillirai
Et je regretterai
Je reste un peu froid quand je pense à toi
Ça reste encore bien plus froid dehors
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10. |
Et tu penses que je veux
05:18
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La chaleur envahit l’appartement
Ça marche peut-être pour de vrai
Le plastique dans la fenêtre
Empêchera l’infiltration d’air frais
Même la saison n’est pas certaine
Le beau se fane et le laid se démène
Mais comme l’hiver cette année tout finit par finir
Si c’est bon pour le mieux, faites que ça compte aussi pour le pire
Et tu penses que je veux
T’emmener là où les
Vents convergent et défont
Toutes chances de construction
Mais je ne veux pas ça, je m’en fous
Je ne m’écœure pas à penser à toi
Je ne tiens pas à détruire ce qu’il te reste
Je sais que ce n’est plus grand-chose
Et je crois pouvoir affirmer
Que le carnage est terminé
Il n’y a plus personne à prendre
Plus personne à déprendre
Ça nous fait un moyen détour
Un pas un peu trop à côté de l’escalier de secours
Et je t’en veux ou je ne t’en veux plus
La ligne est mince et elle est têtue
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Antoine Corriveau Montréal, Québec
Rocker au coeur tendre.
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